Gestion des plans d’eau de chasse et pêche dans un contexte de sécheresse ?
Promouvoir les solutions fondées sur la nature pour retrouver les équilibres naturels détruits après des siècles d’artificialisation dans la plaine de la Scarpe aval
Après trois années de sécheresse dans le Nord, les nombreux étangs et marais où les chasseurs à la hutte et les pêcheurs ont l’habitude de pratiquer leurs loisirs affichent désormais des niveaux d’eau très bas. Avec le changement climatique, la fréquence des sécheresses risque même d’augmenter en intensité et en durée. Comment agir ? Comment redonner à ces marais leur fonction d’éponge ? Comment aménager les plans d’eau pour éviter le recours illégal aux pompages dans les cours d’eau ou aux forages souterrains ?
Le Parc naturel régional Scarpe-Escaut, animateur du Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau de la Scarpe aval (SAGE), a invité les propriétaires de plans d’eau à des visites de terrain, à Flines-les-Râches, Wallers, Marchiennes et Bousignies. Objectif ? Montrer qu’il est possible d’influencer les niveaux d’eau grâce à des pratiques et aménagements adaptés : entretien de berges en pentes douces, création de roselières, plantations d’arbres têtards, reconnexion des marais aux zones inondables autour des cours d’eau, arrêt des vidanges de plans d’eau, etc. Les pratiques doivent contribuer à restaurer les fonctions écologiques (biodiversité) et hydrologiques (stockage d’eau) des plans d’eau.
Des gestionnaires d’étangs (associations de chasseurs et de pêcheurs notamment) ont témoigné sur les aménagements réalisés avec l’appui technique et financier des collectivités, fédérations et services de l’Etat.
Les services de police de l’eau et de l’environnement ont également décrypter la réglementation autour des plans d’eau : interdiction des créations ou extensions de plans d’eau, modalités et restrictions sur les forages et pompages, notamment en phase d’arrêté sécheresse, modalités pour modifier le profil des berges ou surcreuser…
Ces journées sont organisées par le Parc naturel régional, animateur du SAGE, avec le soutien financier des intercommunalités (Communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut, Douaisis Agglomération, Communauté de communes Pévèle Carembault, Communauté de communes Coeur d’Ostrevent) en partenariat avec l’Agence de l’eau Artois Picardie, l’Agence française pour la biodiversité, le Direction départementale des territoires et de la mer, la Fédération départementale de Pêche et la Fédération des chasseurs du Nord.
La lettre d'information n°15
Une nouvelle intelligence dans la gestion de l’eau
Bouleversement climatique, sécheresses répétées et canicules, nous obligent à sortir du confort de vie d’une région où la ressource en eau était considérée comme inépuisable. L’eau, y compris dans la vallée de la Scarpe, est un patrimoine vital et fragile : les trois dernières années l’ont démontré.
La répartition inégale des eaux souterraines dans notre région et l’évolution du niveau des nappes nécessitent de nouveaux comportements. La solidarité territoriale autour de l’eau s’affirme comme une exigence. L’eau, denrée rare, doit être préservée en gardant à l’esprit l’ordre des priorités : l’approvisionnement en eau potable, puis le maintien des écosystèmes aquatiques et des usages économiques sur le même plan, et enfin les usages récréatifs ou touristiques. C’est le sens des arrêtés préfectoraux « sécheresse » nous plaçant en alerte renforcée.
Les plaines humides font partie des territoires directement concernés par ce besoin de solidarité. La gestion des cours d’eau et des plans d’eau tels les étangs de pêche ou de chasse, doit intégrer ce besoin de maintenir, sans gaspiller, l’eau tout au long de l’année grâce à des aménagements et des pratiques adaptés.
Le changement climatique impacte les débits des cours d’eau. Dès lors, il convient de tout mettre en œuvre pour ne pas chasser l’eau et limiter l’évaporation pour favoriser le maintien des richesses biologiques de ces milieux aquatiques. Le rôle des milieux humides est considérable : lutte contre les crues, contre les sécheresses, fonction d’épuration naturelle, piégeage du carbone, facteur de développement économique. C’est là, tout le sens du label Ramsar qui apportera une reconnaissance internationale des milieux humides de Scarpe-Escaut pour mieux les préserver. La révision du SAGE vise la satisfaction de tous les besoins prioritaires (eau potable, salubrité publique, sécurité civile) ainsi que la préservation de la biodiversité et des milieux humides et aquatiques à travers la reconquête qualitative et quantitative de la ressource en eau.
Mieux gérer nos plans d’eau c’est prendre soin de notre ressource, de notre qualité de vie et de l’avenir de notre région. Engageons-nous, nous avons tous besoin de cette intelligence collective au service de la gestion de l’eau.
Jean-Marc Dujardin, conseiller régional